PHILIP K. DICK ET LE CINEMA

Animation


Philip K. Dick scénariste

Philip K. Dick est l'auteur de deux scénarios (auxquels viennent s'ajouter trois pièces radiophoniques écrites en 1958 pour l'émission américaine "Exploring Tomorrow"), dont aucun n'a été porté à l'écran.

Le premier est un épisode de la série télévisée Les Envahisseurs intitulé "Warning: We Are Your Police" qui a été rédigé vers janvier-février 1967, juste après que Dick eut achevé la rédaction de son roman Ubik .
On possède peu de renseignements sur les raisons qui l'ont poussé à proposer un scénario aux producteurs des Envahisseurs mais il semble qu'il ait agi de sa propre initiative, sans doute parce qu'il estimait que cette série s'articulait autour d'une problématique proche de la sienne, ce qui est le cas.

Mais le 9 mai 1967, son scénario lui était retourné, accompagné d'une lettre de refus non argumentée. On ignore qu'elle fut alors sa réaction... tout comme on ignore pourquoi son texte ne fut pas retenu. Mais à le lire, on imagine aisément que Quinn Martin, le producteur exécutif, dut être passablement décontenancé en découvrant cette histoire de mensonges, de simulacres et de manipulations. Dick voulut se servir de la série comme variation du thème hautement dickien : "Qu'est-ce qui nous permet de dire qu'une chose est ce qu'elle prétend ou paraît être."

Sept ans plus tard, vers la fin du mois d'août 1974, Dick reçut une lettre d'un francais du nom de Jean-Pierre Gorin, qui disait être parvenu à convaincre un producteur de porter Ubik à l'écran. En fait, Jean-Pierre Gorin était un militant marxiste-léniniste; la S.F. passait, depuis 68, non pas pour une littérature d'avant-garde mais pour la littérature de l'avant-garde au sens marxiste du terme.
Dick et Gorin se rencontrèrent, ce dernier souhaitant que Dick écrivent lui-même le scénario. Dick se mit à la tâche et envoya son script à son admirateur français et attendit l'argent promis...qui ne vint jamais. Gorin dit que l'enthousiasme de ses partenaires pour le projet était retombé, et finalement, Dick n'entendit plus parler de lui.


D'après une histoire de Philip K. Dick

Il n'y eut donc pas d'adatation d'Ubik au cinéma mais il y eut Blade Runner...



Cette fois, cependant, c'est Dick qui ne fut pas au rendez-vous. Il mourut peu de temps avant sa sortie, et il ne lui fut donc jamais donné de voir un film tiré d'une de ses oeuvres.
Blade Runner mit environ quatorze ans avant de voir le jour puisque le roman dont il s'inspire, Do Androids Dream of Electronic Sheep ? (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?ou Robot Blues ou Blade Runner).

Dick, s'il ne fut pas associé au scénario (signé Hampton Francher et David Peoples), eut donc le loisir d'en connaître les différentes étapes et, peu avant sa mort, il put voir quelques images, qui lui donnèrent apparemment toute satisfaction.
Dans un texte de lui reproduit dans le dossier de presse du film, il écrit : " L'univers de Blade Runner est celui dans lequel je vis, ou dans lequel il me semble vivre. Ce n'est plus mon univers privé car désormais chaque spectateur pourra y entrer. Il lui suffira de pénétrer dans une salle obscure et de s'asseoir dans un fauteuil. Dès la première image, il y sera en traîné, il oubliera la vie quotidienne... ...Les scénaristes n'ont pas tenté de faire une adaptation littéraire. Cela ne me semblerait ni souhaitable, ni même possible. Ce qui a finalement été tourné m'a sincèrement enthousiasmé. Il n'y a pas lieu d'opposer le roman à son adaptation. Ce sont des approches complémentaires, qui senrichissent mutuelement."

Malgré cela, les Dickiens purs et durs, crièrent au scandale lorsque le film sortit. Ridley Scott, avec son "esthétisme publicitaire" aurait, non pas "adapté" mais "trahi" l'oeuvre de Dick en la tirant vers le film noir futuriste alors au'elle réclammait beaucoup plus de tact et de doigté.
Blade Runner est cependant tenu aujourd'hui par l'immense majorité des spectateurs pour l'un des films les plus importants et les plus novateurs de toute l'histoire du scinéma de science-fiction et la question de savoir s'il est ou non fidèle à l'oeuvre de Dick paraît bien désuète.


Total Recall, de Paul Verhoeven, est le second film inspiré d'un texte de Philip K. Dick



A l'origine de Total Recall, il y a une nouvelle intitulée We Can Remenber it for you Wholesale traduite en français sous le titre De mémoire d'homme. On en retrouve d'assez convaincants vestiges dans les vingt première minutes du film...Ronald Shusett et Dan O'Bannon s'y intéressèrent, en acquérirent les droits, en tirèrent un scénario. En 1987/1988, le bruit cour à Hollywood que ce scénario est l'un des plus originaux et l'un des plus inventifs de toute l'histoire du cinéma, mais que, du fait, justement, de son originalité, ils ne parvenaient pas à trouver quelqu'un capable de le mettre en image.
Ce bruit parvint aux oreilles d'Arnold Schwarzenegger qui était à la recherche d'un bon sujet pour tourner un film avec Paul Verhoeven, dont il venait de faire connaissance et dont il admirait beaucoup Robocop. Alors, il prit les choses en main mais Scharzenegger a une image et il faut que les films qu'il tourne lui correspondent. Or le scénario de Shusett et O'Bannon, très fidèle, à ce qu'il paraît, n'était pas particulièrement taillé à la mesure de l'interprète de Conan, Predator et autres Terminator. Alors, Schwarzy proposa d'engager une équipe de scénaristes pour apporter au script de Total Recall les changements qui, selon lui, s'imposaient.

Il fallut six mois aux auteurs engagés par Schwarzenegger pour transformer le scénario d'origine en celui d'un film d'action conforme aux normes musclées édictées par son interprète principal.

Le résultat ? Un début attrayant, assez proche de la nouvelle originale, bourré de références à l'univers dickien... puis une chute vertigineuse aux pays des poncifs, oú le bruit et la fureur de l'action ne parviennent pas à masquer un manque total d'imagination et un grand désarroi de la part d'une équipe d'écrivains peu accoutumée à se frotter à pareils concepts.

Faut-il s'en indigner ? Oui, un peu quand même... Mais le film a marché. Le nom de Dick y a encore gagné en popularité.


Ensuite, vint une adaptation maladroite de Confession d'un barjo, qui a été réalisé en 1992 par un français : Jérome Boivin sur un scénario de Jacques Audiard.

Lors de sa sortie en France, la critique l'a copieusement assaisonné. Son grand problème est de transposer dans la province française de 1992 une histoire profondément ancrée dans la culture américaine des années 50. Confession d'un barjo, le livre, a été écrit en 1959 et dépeint à la première personne un univers saturé de références géographiquement et historiquement très marquées perçu par un esprit perturbé qui apparaît à la fois comme cause et effet du monde qu'il dépeint.

En d'autres termes, la psychologie du "barjo" est indissociable du contexte où elle a pris naissance. Si l'on évacue ces références, où si l'on tente de les traduire, ça ne fonctionne plus et le personnage perd toute sa crédibilité, entraînant du même coup dans son naufrage tous ceux qui évoluent à ses côtés.


Les Projets d'adaptations

Plusieurs projets d'adaptations de romans dickiens seraient en cours...

Le premier est Total Recall II qui se base sur une nouvelle de Dick ayant pour titre Minority Report.
Le second est un projet d'adaptation du Dieu venu du Centaure, que produiraient conjointement Francis Ford Coppola et une société du nom de Vanguard. Evidemment, à ce stade, aucun nom de réalisateur ni d'interprètes n'a encore été avancé.