L'INVASION DIVINE

The Divine Invasion, Simon and Schuster, 1981; Denoël, 1982


Un pur plaisir. J'avais toutes les données en tête. J'avais mené mes recherches sur le domaine, le sujet me passionnait et j'ai écrit un roman sans le moindre effort, avec aisance, avec plaisir, en en appréciant chaque minute. C'est un roman léger, optimiste, plein de vie ; j'étais alors très, très heureux. Je sentais que j'avais réussi; il n'était pas encore paru, mais mon agent m'avait dit qu'il le trouvait très bon, bien écrit, et je me sentais bien dans ma peau. Pour la première fois de ma vie, je me retrouvais capable de vivre seul et d'apprécier ma solitude. Je n'ai pas écrit L'Invasion divine par désespoir d'être seul, mais en plein accord avec cet isolement. Je vivais seul et je n'en souffrais pas. Rien ne venait me déranger...

C'est la seule suite que j'aie jamais écrite. Mais c'est une suite approximative... qui se déroule deux cents ans après Siva. Après réflexion, je me suis dit que si je faisais revenir le Sauveur en 1983, ça paraîtrait plutôt stupide. Il me faudrait mettre le bouquin au rebut d'ici deux ans. Alors je l'ai situé à 200 ans dans l'avenir, avec à l'évidence de nouveaux personnages, puisque tous ceux de Siva étaient désormais morts...

L'étude du judaïsme qui le sous-entend est très bonne. Je ne me suis pas contenté de m'appuyer sur un survol sans profondeur ; je l'ai faite moi-même. Au point que j'ai pensé me convertir au judaïsme. Je m'y était tellement investi, je n'ai pensé à rien d'autre pendant deux ans...

Siva a été achevé et expédié en 1978, et dès lors j'ai travaillé à ce livre dont le thème principal est bien le judaïsme. J'ai étudié la Thora. Je ne lis pas un mot d'hébreux mais j'avais la traduction anglaise annotée par feu le grand rabbin de l'Empire britannique, que l'on considère comme la plus grande autorité du monde anglophone en ce qui concerne la Thora et le judaïsme... J'ai donc étudié la Thora, jusqu'à ce que je comprenne les thèmes sous-jacents qui s'y trouvent. J'y ait ajouté un peu de christianisme. J'y suis finalement revenu. Il s'est glissé insidieusement dans le roman. Il y a du chrétien là-dedans, mais on serait bien incapable de l'identifier comme tel, à moins bien sûr d'être une espèce de chrétien professionnel, un érudit ou autre, qui remarquera alors que le christianisme s'est glissé par la porte de service...

Je traite avec ce livre de la digression de la punition légale par substitution. Mais c'est dissimulé avec une habileté confondante sous du baratin et des termes d'une misérable inadéquation : j'ai pris certains des mots grecs et je les ai retraduits en anglais, ce qui donne une impression différente de celle dont nous avons l'habitude.